A deux pas du Bassin de la Villette (le quartier qui monte) un nouveau théâtre est né : le Théâtre des Artisans. Petite salle, accueil charmant, programmation audacieuse et éclectique, et découvertes garanties.
"Requiem pour l'Union soviétique", pièce de la née-soviétique, devenue russe, et tellement française Tatiana Karmanova, est une jubilation historique, sociologique et humaine qui ne laissera pas indifférent.
Sur la scène, cinq comédiens hallucinants, nous entrainent à la découverte des affamés de la France qui découvrent, qu'ici aussi, l'administration à la Kafka, créature polymorphe, tamponne, refoule, dévore, écrabouille qui ne rentre pas dans les cases, qui a l'asilerie politique douteuse et la chasse à l'homme trop molle pour justifier l'intégration à la belle Nation.
Suivant pas à pas l'étudiant et son dossier complet (enfin, un dossier administratif n'est jamais complet !) l'ivrogne tolstoïen qui veut travailler avant de renoncer à sa vodka, la mère à la rue, avec un bébé pas encore gelé, le spectateur s'émeut, rit, hurle de rire, se reconnait, reconnait celui qu'il ne dévisage pas, dans le métro, réfléchit et rentre dans cette ronde folle tant le mouvement vital l'aimante. Quel rythme !
Nicolas Planchais, loup des steppes à chapeau, voix de cave que le soleil inonde, incarne un de ces immigrés avec son talent habituel. Auprès de lui, un trio féminin, dont deux auteurs de théâtre, Tatiana Karmanova, qui joue dans sa pièce, et chante, sait tout faire, en bonne slave, belle, énergique, vibrante, tandis que Lévy Blancard, autre plume talentueuse, incarne quelques humanités du rouage : assistance sociale hystérique, vieille fille tamponneuse au bord de l'apoplexie administrative. Auprès d'elles, la belle Amandine Barbotte, Esméralda d'un monde qui ne tolérerait plus des danseuses à chèvre sur les parvis, sait tout faire, à l'instar des membres de cette troupe endiablée. Cerise sur la baklava, nez rouge (imaginaire) et globes en folie, un nouveau Lucchini, Paul-Emilien Rivière (nom à noter) compose plusieurs personnages naïfs, terrifiants, cacochymes, avec un talent et une intensité stupéfiants.
La marque de fabrique de cette troupe de la Compagnie du Vent d'est, c'est l'énergie et l'utilisation de chaque seconde : les visages se tordent, se métamorphosent, les corps quittent l'espace pour gagner la lumière et la lumière jaillit. De bouche à oreille, il se murmure qu'un autre théâtre parisien va s'emparer de ce spectacle. En attendant, courez aux Artisans !
Moment de vraie vie et d'émotions, ce "Requiem" donne bien du plaisir !
Christian-Luc Morel, pour Froggy's Delight
"Requiem pour l'Union soviétique", pièce de la née-soviétique, devenue russe, et tellement française Tatiana Karmanova, est une jubilation historique, sociologique et humaine qui ne laissera pas indifférent.
Sur la scène, cinq comédiens hallucinants, nous entrainent à la découverte des affamés de la France qui découvrent, qu'ici aussi, l'administration à la Kafka, créature polymorphe, tamponne, refoule, dévore, écrabouille qui ne rentre pas dans les cases, qui a l'asilerie politique douteuse et la chasse à l'homme trop molle pour justifier l'intégration à la belle Nation.
Suivant pas à pas l'étudiant et son dossier complet (enfin, un dossier administratif n'est jamais complet !) l'ivrogne tolstoïen qui veut travailler avant de renoncer à sa vodka, la mère à la rue, avec un bébé pas encore gelé, le spectateur s'émeut, rit, hurle de rire, se reconnait, reconnait celui qu'il ne dévisage pas, dans le métro, réfléchit et rentre dans cette ronde folle tant le mouvement vital l'aimante. Quel rythme !
Nicolas Planchais, loup des steppes à chapeau, voix de cave que le soleil inonde, incarne un de ces immigrés avec son talent habituel. Auprès de lui, un trio féminin, dont deux auteurs de théâtre, Tatiana Karmanova, qui joue dans sa pièce, et chante, sait tout faire, en bonne slave, belle, énergique, vibrante, tandis que Lévy Blancard, autre plume talentueuse, incarne quelques humanités du rouage : assistance sociale hystérique, vieille fille tamponneuse au bord de l'apoplexie administrative. Auprès d'elles, la belle Amandine Barbotte, Esméralda d'un monde qui ne tolérerait plus des danseuses à chèvre sur les parvis, sait tout faire, à l'instar des membres de cette troupe endiablée. Cerise sur la baklava, nez rouge (imaginaire) et globes en folie, un nouveau Lucchini, Paul-Emilien Rivière (nom à noter) compose plusieurs personnages naïfs, terrifiants, cacochymes, avec un talent et une intensité stupéfiants.
La marque de fabrique de cette troupe de la Compagnie du Vent d'est, c'est l'énergie et l'utilisation de chaque seconde : les visages se tordent, se métamorphosent, les corps quittent l'espace pour gagner la lumière et la lumière jaillit. De bouche à oreille, il se murmure qu'un autre théâtre parisien va s'emparer de ce spectacle. En attendant, courez aux Artisans !
Moment de vraie vie et d'émotions, ce "Requiem" donne bien du plaisir !
Christian-Luc Morel, pour Froggy's Delight
Le bloc communiste vient de s’effondrer . Il paraît qu’en Europe on gagne sa vie facilement, et tout le monde vit dans de grands appartements.
Alors pourquoi ne pas tenter sa chance dans cette Europe ? Notamment en France le pays de Voltaire et des droits de l’Homme.
Nous suivons, le parcours de ces immigrés face à l’administration. Certes on veut bien les recevoir mais sous certaines conditions . Il faut justifier, prouver, fournir toujours des papiers en fonction de son statut. Et tout dépend de l’employé de l’administration en face qui se perd, lui aussi dans les méandres de ces papiers.
Les travailleurs sociaux et associations sont sur le terrain , mais il y a l’incompréhension de la langue et la peur cette culture inconnue « étrangère »
L’Eldorado devient vite une désillusion car même en étant intégré il y a toujours le papier manquant ou le papier non tamponné . Le destin se joue souvent à un tampon et il n’y a qu’un pas pour tomber dans la clandestinité.
Alors pourquoi ne pas se marier ? L’amour viendra sûrement après…
Requiem pour l’Union Soviétique est une pièce qui traite un sujet brûlant avec ironie mais aussi avec humilité . Il n’y a ni haine, ni jugement seulement des faits réels. On parle ici de l’effondrement du bloc Soviétique mais c’est le sort de n’importe quel immigré que l’on suit durant ce spectacle.
Des hommes et des femmes qui ont quitté leur pays, par nécessité, qui sont à la recherche d’une vie « moins pire ». Vivre ailleurs ce qu’ils ne peuvent pas vivre chez eux dans l’espoir que cet ailleurs deviendra un jour chez eux.
Une recherche d’une vie meilleure une quête du bonheur tout simplement !
Cinq comédiens jouent différents rôles, différentes scènes dans une ambiance musicale omniprésente. Tout le monde en prend pour son grade et l’on rit beaucoup face à ces situations invraisemblables pourtant réelles et dramatiques.
Les comédiens débordent d’énergie. Ils m’ont fait penser à une troupe de cirque, ,ils bougent sur la scène, chantent, jouent des instruments, crient, hurlent, rient, pleurent. Tout ce que l’on fait dans la vie, immigré ou pas !et tout ça avec une fougue incroyable.
Ils sont excellents et donne un dynamisme incroyable à cette recherche du bonheur.
Alors pour vivre un moment haut en couleurs en compagnie de cette troupe chaleureuse n’hésitez pas à pousser la porte de ce petit théâtre, mais ne tardez pas trop ils jouent jusqu’à la fin février.
Nathalie pour ParisTribu Février 2011
Alors pourquoi ne pas tenter sa chance dans cette Europe ? Notamment en France le pays de Voltaire et des droits de l’Homme.
Nous suivons, le parcours de ces immigrés face à l’administration. Certes on veut bien les recevoir mais sous certaines conditions . Il faut justifier, prouver, fournir toujours des papiers en fonction de son statut. Et tout dépend de l’employé de l’administration en face qui se perd, lui aussi dans les méandres de ces papiers.
Les travailleurs sociaux et associations sont sur le terrain , mais il y a l’incompréhension de la langue et la peur cette culture inconnue « étrangère »
L’Eldorado devient vite une désillusion car même en étant intégré il y a toujours le papier manquant ou le papier non tamponné . Le destin se joue souvent à un tampon et il n’y a qu’un pas pour tomber dans la clandestinité.
Alors pourquoi ne pas se marier ? L’amour viendra sûrement après…
Requiem pour l’Union Soviétique est une pièce qui traite un sujet brûlant avec ironie mais aussi avec humilité . Il n’y a ni haine, ni jugement seulement des faits réels. On parle ici de l’effondrement du bloc Soviétique mais c’est le sort de n’importe quel immigré que l’on suit durant ce spectacle.
Des hommes et des femmes qui ont quitté leur pays, par nécessité, qui sont à la recherche d’une vie « moins pire ». Vivre ailleurs ce qu’ils ne peuvent pas vivre chez eux dans l’espoir que cet ailleurs deviendra un jour chez eux.
Une recherche d’une vie meilleure une quête du bonheur tout simplement !
Cinq comédiens jouent différents rôles, différentes scènes dans une ambiance musicale omniprésente. Tout le monde en prend pour son grade et l’on rit beaucoup face à ces situations invraisemblables pourtant réelles et dramatiques.
Les comédiens débordent d’énergie. Ils m’ont fait penser à une troupe de cirque, ,ils bougent sur la scène, chantent, jouent des instruments, crient, hurlent, rient, pleurent. Tout ce que l’on fait dans la vie, immigré ou pas !et tout ça avec une fougue incroyable.
Ils sont excellents et donne un dynamisme incroyable à cette recherche du bonheur.
Alors pour vivre un moment haut en couleurs en compagnie de cette troupe chaleureuse n’hésitez pas à pousser la porte de ce petit théâtre, mais ne tardez pas trop ils jouent jusqu’à la fin février.
Nathalie pour ParisTribu Février 2011
Что может быть смешнее, чем чужак на незнакомой для него территории с его странными манерами, запросами, настроением? Что может быть трагичнее, чем несовпадение романтических ожиданий с суровой реальностью?
На афише театра Théâtre des Artisans — спектакль «Реквием по Советскому Союзу, или Все мы искали счастья». Персонажи Татьяны Кармановой, автора текста, актрисы и постановщика — иммигранты из бывшего СССР, бежавшие во Францию. Здесь они сталкиваются со знаменитой французской бюрократией, попадая в ситуации, вызывающие смех у каждого зрителя вне зависимости от его национальности, который хотя бы раз обращался в какую-либо инстанцию Республики. Символом ее становятся все увеличивающиеся и увеличивающиеся в своем количестве бумаги, которые приносит студент для получения, а потом продления визы на жительство. Если вначале он, довольный, несет скромную пачку документов в руках, то потом она превращается в пакет, а впоследствии даже в хозяйственную сумку необходимых анкет, а уверенность на лице сменяется готовностью ко всему.
Смех вызывают и угадываемые типажи. Русская провинциалка, отдающая дань обычаю французов говорить всем «бонжур», но посмеивающаяся над убогостью вкуса француженок, при этом на ней самой — какой-то невообразимый блестящий наряд, бижутерия, яркая косметика и — в довершение комического образа — всклокоченный парик блондинки (Леви Бланкар). Русский мужик, ставший клошаром, чья жена не поняла, что пьет он из-за депрессии (Николя Планше). Наконец, француз — социальный работник, в чьи задачи входит помогать ближнему, но который не может ни материально, ни по-настоящему дельным советом помочь нуждающемуся (Поль-Эмильен Ривьер).
Этот социальный работник появляется в, пожалуй, самой пронзительной сцене спектакля — сцене со студенткой-наркоманкой (Амандин Барботт). По воображаемому вагону идет попрошайка. Дама презрительно отмахивается от девушки и достает свой телефон. Пассажир впереди оказывается тем соц. работником, который вместо подаяния вызывается ей помочь советом. Для этого он должен выяснить, почему она не работает, что она умеет делать. На вопрос об уровне образования раздается смех дамы сзади: какой может быть у этой нищенки уровень образования? Но тут неожиданно выясняется, что девушка закончила школу и даже поступила в институт, что вызывает искреннее удивление со стороны обоих пассажиров и непонимание, как такое возможно. Просто в стране развернулись 90-е, старые учебники и теории стали недействительными, а новых еще не написали; и преподаватели не знали, что говорить. И она поехала в Европу, во Францию. Без бумаг. А здесь без бумаг она — никто, и она ничего не может без них получить... Вернуться в страну — невозможно. «Чего же ты ждешь от жизни?» — спрашивает ее француз, а она встает на стул и, размахивая, как птица, руками, произносит сакраментальное: «Я ищу свободу». Свобода, равенство, братство — разве не эти принципы провозглашает Франция? Соц. работник немало озадачивается подобным заявлением и не находит ничего лучше, как посоветовать девушке заняться бумагами, своим делом и самой найти выход. Уже уходя, он возвращается, как бы вспомнив, что забыл сказать что-то важное, но этим важным оказывается очередное дежурное напутствие согласно инструкции. На проявление обычного человеческого сочувствия он не способен.
И, тем не менее, в его глазах читается что-то новое. Он впечатлен. Он не знает, как себя вести в подобных ситуациях, он не понимает таких людей.
И когда в восьмой раз с запросом на вид на жительство в иммиграционную службу приходит мужчина, чья жена болеет, и ему просто необходимо работать для выживания семьи, что совершенно невозможно без этой «карты», вместе с ним надеешься и веришь, что в этот раз — достучится, что правде поверят и что человеческие чувства здесь тоже ценят. Потому что, хотя Страны Советов больше нет, но вера в светлое будущее осталась, и без нее жизнь невозможна. Потому что все мы в конечном итоге ищем счастья.
Они смогли прорубить окно в Европу — и если Европа их несколько обманула, и обещанного (а может быть, надуманного?) единого дома для всех они не нашли, то можно ли отчаиваться? Если спектакль начинался с того, как пал СССР, пали жители, загнанные, как лошади, в погоне за коммунизмом, под крики «Быстрей! Быстрей!», то заканчивается он сбрасыванием с пьедестала чиновника, ставящего на досье иммигрантов вердикт «Отклонить», и погребением его (а вернее, ее) под кипой бумаг. Бумаги вихрем взмывают ввысь, за неимением в Париже настоящего снега артисты устраивают этой зимой своим зрителям феерическую бумажную метель. Падающие белые листы вызывают неподдельные улыбки в зале, и, возможно, эти улыбки взамен дежурным чиновничьим — лучший итог спектакля. Спектакля, который я искренне советую посмотреть.